Mosquees

Mosquees

Parmi les mosquées de la Casbah d’Alger les principales sont Jamaa Ketchaoua, Jamaa el Kebir, Jamaa el Jdid, Jamaa Ali Bitchin, Jamaa Sidi Ramdane, Jamaa Sidi M’hamed Cherif, Jamaa Berrani, Jamaa El Safir et Jamaa li houd.

La mosquée la plus ancienne de la Casbah d’Alger est Jamaa El Kebir, la grande mosquée construite en 1097 par Youssef Ibn Tachfin dans le style almoravide. Elle est construite à une époque où l’influence de l’art andalou se fait sentir sur le Maghreb. Ce qui caractérise le plus cette mosquée c’est sa salle de prière et son minaret. La salle de prières hypostyle est centrée et ses puissants piliers sont reliés par de grands arcs festonnés, lobés pour ceux des nefs, unis et polis pour ceux des travées. Le mirhab est décoré de colonnes et de céramiques. Le minaret, refait par un sultan zianide de Tlemcen en 1324, est de forme quadrangulaire, surmonté d’un lanternon, orné de céramiques et de fines sculptures. La galerie extérieure n’est pas d’origine, elle est constituée à partir des colonnes de marbre à chapiteaux décorés provenant de la mosquée Es Sayida, jadis située sur la place des Martyrs, démolie durant la colonisation.

Jamaa Sidi Ramdane est une des mosquées médiévales de la médina, elle date du xie siècle

Gravure ancienne représentant une mosquée.

Gravure représentant l’ancienne mosquée Jamaa Es Sayida (v.1830), démolie durant la période coloniale.

Jamaa Ketchaoua est une œuvre unique, témoin de l’histoire de la Casbah. Elle est fondée en 1436, à une époque antérieure à la régence d’Alger, lorsque les dynasties berbères régnaient sur la ville. Son architecture mêle les styles mauresques, turcs et byzantins. En effet son architecture est remaniée durant l’époque de la Régence puis, surtout, durant la colonisation française où elle fait office de cathédrale avant de revenir au culte musulman à l’indépendance du pays86. Un bâtiment plus important est construit vers 1613, sous le gouvernement de la régence d’Alger, puis de nouveau remanié en 1794, sous le gouvernement de Hassan Pacha87. Son architecture est inspirée des mosquées construites en Turquie dans le style byzantin. À partir de 1844, sous la colonisation, des remaniements pour l’adapter à son usage d’église catholique font disparaître le minaret de style maghrébin à section carrée d’origine ; on construit les deux tours de la façade ainsi qu’un chœur dans le prolongement de la salle de prières. L’église est classée monument historique par l’administration française en 1908 et réaffectée au culte musulman à l’indépendance de l’Algérie.

Jamaa al-Jdid est une des mosquées les plus récentes. Elle est construite en 1660 par le dey Mustapha Pacha dans un style très proche de celui des Ottomans. Elle comporte des coupoles qui rappellent celles d’Istanbul. Cependant, son minaret, haut de 27 mètres, est de style maghrébin avec une composante originale : il comporte une horloge depuis 1853, provenant de l’ancien palais de la Djenina, démoli durant la période coloniale. Elle est destinée aux Turcs de la ville, suivant le rite hanafite, et sa proximité avec la mer lui vaut son surnom de « mosquée de la pêcherie ». La légende raconte que ce serait un captif chrétien qui aurait dessiné ses plans, ce qui expliquerait sa forme en croix latine. L’intérieur est décoré avec des boiseries et le minbar est composé de marbre d’Italie.

Jamaa el Berrani, littéralement la « mosquée des étrangers », est une mosquée datant de 1653, reconstruite en 1818 par Hussein dey au pied de la citadelle pour accueillir le tribunal de l’Agha. Elle doit son nom aux étrangers qui venaient y prier avant leur audience auprès du dey. Elle est ensuite affectée au culte catholique durant une partie de la colonisation.

 

 

 

 

La Casbah possède aussi beaucoup de petites mosquées comme celle d’Ali Bitchin, un renégat d’origine vénitienne converti à l’islam, dont le vrai nom est Picenio. Elle fut construite en 1622 par ce riche négociant. Elle est d’un style ottoman avec ses nombreuses coupoles mais elle comporte un minaret carré de type maghrébin. À l’origine sa salle de prière était sans ornements, blanchie à la chaux. Mais au fil du temps ont été ajoutés des stucs et autre décorations d’intérieur. Actuellement l’édifice est en cours de restauration. D’autres mosquées sont construites à proximité de mausolées, à l’image de Jamaa Sidi Abderrahmane, érigée à côté du mausolée du même nom en 1696. Elle comporte des coupoles et un minaret richement orné.

Vue sur une synagogue blanche avec une coupole.

L’ancienne synagogue d’Alger, Jamaa li houd, devenue mosquée (v.1902).

La Casbah comportait également des mosquées qui furent démolies durant la période coloniale et qui ont marqué la mémoire de la ville. La mosquée Es Sayida, anciennement située place des Martyrs, est démolie en 1832. Ses colonnades servirent à aménager le péristyle de Jamaa el Kebir, la grande mosquée, en 1836, pour compenser l’impopularité de sa démolition et des aménagements coloniaux. D’autres mosquées comme celle de M’sella à côté de Bab el Oued, en 1862, de Jamaa Mezzomorto, construite par le dey Mezzomorto, celle de Jamaa m’ta Sattina Maryam, celle de « Notre Dame Maryam », en 1837, sont détruites lors de divers aménagements urbains. Jamaa li houd, la « mosquée des juifs », est une synagogue bâtie entre 1850 et 1865, qui devient une mosquée à l’indépendance du pays, à la suite du départ de la communauté juive locale.