ARTS
Casbah dans les Arts
Cinéma
Alger est au cœur d’une filmographie riche, dont peu de capitales dans le monde peuvent se prévaloir jusqu’au xxe siècle. Une quarantaine de longs métrages et une centaine de courts métrages y sont tournés dans le courant du xxe siècle. C’est le cas des films Sarati le Terrible (1922), Tarzan, l’homme singe (1932), Pépé le Moko(1937), Casbah (1938), Au cœur de la Casbah (1952), L’Étranger (1968), Z (1969) et La Bataille d’Alger de Gillo Pontecorvo (1969). « Pépé le Moko » reste perçu comme un film à la gloire de la Casbah, qui vole la vedette à l’acteur Jean Gabin. La Casbah inspire la production locale à partir de 1969, La Bombe (1969), Tahia ya Didou (1971), Omar Gatlato (1976), Automne, octobre à Alger (1988), Bab-el-Oued City (1994), Viva Laldjérie (2004) et Délice Paloma (2007).
La différence entre les production locales et coloniales ne réside pas dans la technique de réalisation ou l’esthétique des films, mais dans la place qu’y occupe l’Algérien. En effet le cinéma français, avant l’indépendance, est souvent caractérisé par une absence de l’indigène algérien. En 2012, le film El Gusto aborde le patrimoine musical algérien et la culture de la Casbah à travers les retrouvailles entre des musiciens musulmans et juifs d’Algérie.
Les Terrasses (Es-stouh) est un film dramatique franco–algérien réalisé par Merzak Allouache et sorti en 2013.
Musique
Les troupes musicales
Dans la Casbah d’Alger l’esprit festif existait au quotidien à travers des manifestations de rues de divers musiciens et saltimbanques. Ainsi, les troupes de baba salem qui déambulaient et animaient fréquemment les ruelles à l’approche des fêtes comme le mawlid. Très populaires, elles étaient généralement composées d’Africains originaire du Sahara, souvent appelés gnaoua. Ces Gnaouas portent généralement des vêtements sahariens de différentes couleurs, un collier de coquillages et jouent du guembri, du caisson, du karkabou et du tambourin. Les baba salem se sont raréfiés de nos jours, même s’ils se produisent toujours dans les rues d’Alger.
L’autre type de troupes folkloriques sont les zornadjia, employées dans les festivités. Elles tirent leur nom de la zorna, une sorte de hautbois, et produisent une musique rythmée notamment par le tbel, une sorte de tambour, et le bendir. Ces troupes de zornadjia se produisent notamment dans les mariages.
La musique arabo-andalouse
La musique chaâbi (« populaire ») s’inscrit dans le répertoire arabo-andalou. Elle finit par s’imposer comme un symbole d’une culture populaire et citadine. C’est une musique encore vivante, un art ayant traversé les époques et renvoyant dans l’imaginaire collectif à l’image d’une ville intemporelle. En effet ce genre musical s’appuie, notamment, sur des poèmes séculaires, les qçid, qu’il remet au goût du jour. Les instruments employés sont le mandole algérien, instrument spécifique inventé pour le chaâbi, le oud, le luth oriental, le banjo, le violon, le tar et la derbouka.
Ce genre musical apparaît au début du xxe siècle dans les couches populaires de la Casbah, dont beaucoup issues des campagnes sont d’origine kabyle. Le chaâbi est fortement teinté d’accents berbères et se décline également en langue kabyle, outre son répertoire en arabe algérien. Les maîtres fondateurs de cet art ont pour nom Cheikh Nador, Hadj El Anka et Cheikh El Hasnaoui. Le chaâbi algérois se fait connaître par la célèbre chanson Ya Rayahde Dahmane El Harrachi, traduite et interprétée dans le monde entier. Les thèmes récurrents sont l’écho du patrimoine, la plainte ancestrale, le mal du pays mais aussi des chants ancestraux de fêtes et de célébrations religieuses. Cette musique se joue souvent en soirée, dans les patios et particulièrement durant le mois du ramadan. Hadj El Anka fonde la première classe de cette discipline au conservatoire d’Alger en 1957.
Le chaâbi est aussi un style musical qui partagé entre les habitants musulmans et juifs de la Casbah. Parmi les chanteurs judéo-arabe les plus illustres on peut citer Lili Boniche124. Sa musique Ana el Warka est reprise pour le générique de l’émission de France 2, Des mots de minuit127. Des initiatives comme celles de l’orchestre El Gusto visent à les rassembler et à populariser ce patrimoine culturel de la Casbah sur les scènes internationales.
La peinture
La Casbah d’Alger a inspiré divers peintres algériens et étrangers, notamment à travers le courant de l’orientalisme. Dès le xixe siècle, elle est une source d’inspiration pour les artistes comme le peintre Eugène Delacroix, leur permettant de se plonger dans la ville arabe129. Un des peintres les plus célèbres pour ses représentations de la Casbah est Mohammed Racim, natif de la Casbah. Ses œuvres illustrent la période ancienne de la Casbah en remettant au goût du jour la tradition populaire algérienne ; elles sont actuellement, en grande partie, conservées au Musée d’Alger. Louis Comfort Tiffany, peintre américain, connait lui aussi une période orientaliste et visite Alger en 1875130. Entre 1957 et 1962, le peintre René Sintès peint la Casbah. Ses peintures, en particulier Petit Matin, La Marine et Couvre-feu reflètent l’atmosphère des troubles secouant la ville d’Alger durant la Guerre d’Algérie.