Tradition orale
casbah Tradition Orale
La culture orale est importante dans la tradition algéroise, notamment à travers le jeu de la boqala. La boqala, dans sa forme classique, est un petit poème de quatre ou cinq vers, récité ou parfois improvisé. Ces petits poèmes, transmis par l’oralité ou de petits recueils, constituent un patrimoine de plusieurs siècles. Ce jeu de poésie oscille entre le divertissement et la divination. Dans ce dernier cas il s’accompagne parfois d’un rituel magico-religieux et n’est pas propre à la ville d’Algermais à l’ensemble des villes du littoral algérien et de son arrière-pays, Alger, Blida, Béjaïa, Médea, Miliana, Cherchell… Le contenu de la boqala est souvent une devinette ou un texte mystérieux, parfois une parole de sagesse ; il est donc sujet à interprétation. Ces séances sont traditionnellement organisées par des femmes, mais les hommes peuvent aussi s’y joindre. Les réunions se font souvent autour d’une table bien garnie, sur les terrasses des maisons ou les patios. Les séances se tiennent généralement la nuit ainsi que la veille de jours importants ou de certains jours de la semaine, les mercredis, vendredis et dimanches. Ces séances sont très fréquentes durant le mois du Ramadan. Le mot boqala provient du terme arabe désignant une cruche en terre cuite qui contient de l’eau, mise sur un brasier, et autour de laquelle peuvent avoir lieu divers rituels.
Les séances commencent par une invocation : « Fâl ya fâlfal djibli khbâr man koul blad » (Présage, Ô présage, apporte moi des nouvelles de toutes les contrées). La langue employée dans ces jeux de boqala est l’arabe algérien, avec des emprunts aux langues avec lesquelles il est en contact (berbère, turc, espagnol et français) car son lieu de production est essentiellement citadin. Si l’on ne connait pas l’origine de cette pratique, elle présente une structure littéraire proche de l’écrit et se caractérise par une pureté du style, un rythme et des sonorités qui lui confèrent sa popularité. On peut noter une ressemblance avec la poésie andalouse ancienne, le hawzi, les chants populaires de Tlemcen. Ce genre littéraire est encore de nos jours une pratique assez répandue car sa diversité thématique lui permet d’intéresser des auditoires divers et donc d’être assez consensuel selon les circonstances. De plus il permet de frapper l’imaginaire de l’auditoire et de combler un certain désir d’évasion de celui-ci